Les harnais de tête comme celui-ci peuvent contenir en toute sécurité des dispositifs de suivi et de contrôle.Crédit : Nico Smit

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J'ai conçu le premier harnais de tête pour les girafes qui maintient en toute sécurité les appareils de surveillances de cet animal. Fabriqué en cuir synthétique, il s'attache précisément à la mâchoire inférieure et aux cornes , ce qui est plus efficace que d'essayer de mettre des colliers autour du cou, de cornes ou de pattes.

Je suis professeur en sciences de la faune et de la flore à l'université de Free State (UFS) en Afrique du Sud. Mon équipe de recherche et mes collaborateurs utilisent les données collectées par le casque pour mieux comprendre les habitudes quotidiennes des girafes et les endroits où elles errent et se nourrissent dans les grandes réserves naturelles d'Afrique australe.

Francois Deacon.Crédit : Nico Smit

Nous surveillons les limites de leur domaine vital, les arbres dont elles se nourrissent régulièrement à chaque saison et les interactions entre les girafes et d’autres animaux. Nos études d'écologie spatiale portent également sur la manière dont les conditions climatiques, telles que les températures quotidienneset saisonnières, l'humidité et la pression atmosphérique, influencent leurs déplacements. Nous comparons ces données avec les ressources disponibles dans une réserve particulière et explorons les différences de comportement entre les mâles et les femelles. L'objectif ultime est de protéger l’environnement naturel afin que les girafes puissent prospérer.

À mon avis, la science est un travail de collaboration. J'ai imaginé ce casque pendant mes études de doctorat en écologie spatiale au début des années 2010 à l'UFS. Africa Wildlife Tracking les fabrique désormais. L'installation d'un casque nécessite l'effort coordonné de vétérinaires et d'experts de la faune sauvage qualifiés pour rassembler et immobiliser les girafes dans le veld, car les mâles, en particulier, sont très sensibles aux tranquillisants.

En mars 2023, mon groupe de recherche et nos collaborateurs européens ont ajouté des caméras et des enregistreurs vocaux appelés "audiomoths" aux harnais, ce qui nous a permis de découvrir que les girafes ferment leurs narines pour empêcher les insectes pendant qu'elles effeuillent les arbres. Les résultats préliminaires des données audio indiquent que les girafes sauvages communiquent en utilisant des sons qui sont trop bas pour être entendus par les humains.

Des études menées sur des animaux de zoo par mon collègue, Anton Boatic, avaient déjà montré que les girafes fredonnaient de manière audible.

L'installation d'un harnais de tête nécessite un travail d'équipe coordonné entre les vétérinaires et les experts de la faune sauvage qui ont l'habitude de rassembler et d'immobiliser les girafes avec précaution dans le veld. Crédit : Nico Smit

Mon équipe de recherche étudie également les stéroïdes sexuels et le système de circulation sanguine des girafes, et de plus en plus l'écologie spatiale et l'utilisation du paysage d'autres animaux sauvages africains tels que les éléphants, les léopards, les rhinocéros et les pangolins.