Plus de 40 % des espèces migratrices sont en déclin, selon un rapport des Nations unies. Les bécasseaux sanderling se reproduisent dans l'Arctique avant de se rendre en Amérique du Nord et du Sud.Crédit : Getty

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Au début du mois, les défenseurs de l'environnement et les scientifiques spécialistes de la biodiversité ont reçu une bonne et rare nouvelle avec la première réunion d'un fonds très attendu pour des projets visant à préserver la biodiversité de la terre au début du mois, les écologistes et les scientifique de la biodiversité ont reçu les nouvelles bonnes et rares.

Le Fonds de base Mondial pour La Biodiversité (GBFF) accordera des subventions aux pays présentant des niveaux élevés de biodiversité marine et terrestre, mesurés par un indice qu’on appelle GBI (Bio). À ce jour, cinq donateurs internationaux - le Canada, l'Allemagne, le Japon, l'Espagne et le Royaume-Uni - se sont engagés à verser 219 millions de dollars.

Lors de la réunion du 8 février, le coprésident de l'organe directeur, Carlos Manuel Rodriguez, ancien Ministre de l'Environnement du Costa Rica, a déclaré que la création du fonds était l'un des moments dont il était le plus fier et le plus significatif, et il a exhorté d'autres pays à apporter leur contribution financière. Ils devraient le faire, et vite.

Chaque semaine apporte de nouvelles preuves de la nécessité d'une action urgente pour empêcher la perte de biodiversité. Le plus récent de ces derniers avertissements se trouve dans le premier dossier soutenu par les Nations Unies sur l'état des espèces migratrices dans le monde, ces milliards d'oiseaux, de poissons, d'insectes, de mammifères et de reptiles qui parcourent des milliers de kilomètres chaque année.

Publié le 12 février Il indique que près de la moitié des espèces suivies (44 %) sont en déclin et qu'une sur cinq (22 %) est menacée d'extinction. Il n'y a pas de temps à perdre.Un fonds public mondial pour la biodiversité est certainement un événement rare. Le fonds parent du GBFF, le Fonds pour l'Environnement Mondial, basé à Washington DC, a été créé il y a plus de trois décennies avec une dotation initiale d'un milliard de dollars. Entre 2022 et 2026, il prévoit de dépenser 840 millions de dollars pour 45 projets concernant la biodiversité, le climat, les eaux internationales et la lutte contre la dégradation des sols. Le GBFF a été créé afin d'aider davantage les pays à atteindre les nouveaux objectifs mondiaux visant à ralentir et, à terme, à arrêter le déclin de la biodiversité mondiale. Ces objectifs, convenus lors d'une réunion des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal en décembre 2022, sont collectivement appelés le Cadre de Référence Kunming-Montréal sur La Biodiversité. L'un des objectifs est de conserver 30 % des terres et des mers avant 2030 - appelé l'objectif "30x30".

Ces fonds gérés par les Nations Unies ne sont qu'une source du financement de la biodiversité. Une évaluation largement acceptée estime qu'au niveau mondial, en 2019, entre 124 et 143 milliards de dollars ont été consacrés au financement de la biodiversité. Mais cela ne représente qu'une fraction des 967 milliards de dollars nécessaires chaque année pour atteindre les objectifs de 2030.

Le contexte décrit au-dessus est nécessaire pour illustrer le fait que les 219 millions de dollars promis au GBFF sont, peut-être littéralement, une goutte d'eau dans l'océan. Les promesses déjà faites doivent être transformées immédiatement en espèces afin que les fonds puissent commencer à être versés.Les pays les plus riches doivent aussi faire leur contribution. Il y a plus de deux ans que la Chine a créé son propre fonds de 235 millions de dollars, appelé ‘Kunming Biodiversity Fund’, mais il n'est toujours pas opérationnel. Il faut que ce fonds démarre le plus tôt possible. Les États-Unis doivent aussi apporter une contribution à la hauteur de leur économie. En 2019, ils ont versé 320 millions de dollars pour la biodiversité mondiale.

L'un des grands mérites du GBFF est qu'il s'engage à accorder des subventions et non des prêts. L'importance de ce point ne peut être sous-estimée. Il s'agit vraiment d'une grande victoire, mais c'est peut-être aussi la raison pour laquelle les promesses ne se traduisent pas en argent réel. La plupart des financements provenant de fonds climatiques similaires sont accordés sous forme de prêts pour soutenir des entreprises, telles que des centrales électriques ou des usines qui fabriquent des batteries électriques - ce qui signifie que les donateurs internationaux peuvent s'attendre à profiter de ce qui est essentiellement des investissements. En revanche, la plupart des fonds consacrés à la biodiversité servent à soutenir des projets tels que la protection des zones humides pour les oiseaux migrateurs ou le maintien des haies dans les champs agricoles, qui sont moins susceptibles de rapporter des bénéfices financières et tant que nos paradigmes économiques n'évalueront pas les services écosystémiques que nous fournit un monde naturel en bonne santé.

Afin d'augmenter les fonds disponibles, le GBFF a été conçu pour accepter des fonds provenant de fondations philanthropiques, qui représentent aujourd'hui une part de plus en plus importante du financement de l'environnement et du développement. Il n'est pas facile de convaincre les fondations philanthropiques à contribuer aux fonds publics internationaux, et c'est une bonne chose que les concepteurs du GBFF aient tenté l'expérience. Les fondations peuvent être réticentes à participer au financement multilatéral, car elles doivent renoncer à une partie de l'autonomie dont elles disposent pour décider des projets à financer.

Ils devraient considérer toute invitation à participer au GBFF comme un avantage et pas comme une peine . De plus en plus les projets de la biodiversité seront financés, ce qui pourrait porter les bénéfices à davantage de régions de la planète et à un plus grand nombre de personnes. Une plus grande ouverture ne peut être qu'une bonne chose, surtout à une époque où les fondations sont critiquées pour leur manque apparent de responsabilité.

D’obtenir l'accord de près de 200 pays sur la composition d'une nouvelle institution, puis d’obtenir l'accord des donateurs pour la financer, est l'une des choses les plus difficiles dans la politique multilatérale. Les architectes du GBFF doivent être félicités d’avoir réussi à faire décoller leur fonds et à obtenir une première série de promesses de dons. Ces promesses doivent maintenant être rapidement converties en argent et en actions.