Collecte de polychètes au Cap-Occidental en Afrique du SudCrédit : Carol Simon

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Je pars à la recherche de vers dans les estuaires et dans la partie intertidale d'une plage sur laquelle les vagues s'écrasent, en fonction des marées. Mon travail m'amène dans des endroits tels que le pittoresque lagon de Knysna , le long de la côte de la Garden Route en Afrique du Sud, et l'estuaire de la rivière Berg sur la côte ouest, un havre pour les oiseaux d'eau migrateurs, dont le régime alimentaire comprend des polychètes.

Les pêcheurs utilisent certaines espèces de polychètes comme appâts. Ils les appellent "vers de vase", "vers de lune" ou "vers de moule". Certaines espèces envahissantes sont devenues des parasites, infectant les élevages d'ormeaux ou d'huîtres de culture.

Crédit : Carol Simon

Mon objectif est de mieux identifier et comprendre la diversité et la propagation des espèces sud-africaines, et d'en savoir plus sur la manière dont elles se reproduisent, se dispersent, et si elles pourraient être surexploitées.

Pour chasser les vers, je me sers d'outils simples tels que des grattoirs, des tuyaux en PVC et un ensemble de tamis en acier inoxydable. Avec le grattoir, je gratte les algues sur les rochers pour voir si elles contiennent des vers. Avec le tuyau en plastique, je prélève une colonne de sable humide et je la mets dans les tamis, en espérant toujours trouver des spécimens à étudier plus en détail dans mon laboratoire.

C'est à la fois paisible et passionnant d'examiner mes trouvailles. Certaines sont si minuscules qu'on ne peut les voir clairement qu'au microscope. D'autres sont longs comme le bras et épais comme le pouce. La taxonomie s'apparente à une enquête médico-légale. C'est une question de détails. J'utilise souvent des colorants tels que le vert de méthyle pour m'aider à distinguer les espèces, ainsi que des tests génétiques.

J'étudie les polychètes depuis mes années de doctorat à l'université de Rhodes, en Afrique du Sud, au début des années 2000. Je devais étudier certains aspects de l'élevage des ormeaux, mais j'ai vite trouvé les vers indigènes ou envahissants qui vivent parfois sur les ormeaux bien plus intéressants. Aujourd'hui, je suis professeure agrégée de zoologie à l'université de Stellenbosch, en Afrique du Sud, et ex présidente de l'International Polychaete Association.

J'ai décrit ma première nouvelle espèce en 2009 et j'ai depuis contribué à la découverte de 21 espèces nouvelles pour la science, dont 18 sont indigènes à l'Afrique du Sud. Avec des collègues et des étudiants, je m'efforce également d'éliminer les incohérences dans les nombreux noms communs utilisés souvent pour les mêmes espèces.