Graphique d'une femme regardant une ville au loin. Son corps est rempli de plantes

Crédit : FangXiaNuo/ iStock / Getty Images Plus

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Les paysages diversifiés de l'Afrique, caractérisés par une biodiversité abondante, sont essentiels pour l'agriculture et le maintien d'innombrables moyens de subsistance.

Le continent se trouve à un moment charnière où le concept One Health (une seule santé) peut redéfinir sa trajectoire. En particulier, les santés humaine, animale et végétale sont interconnectées en Afrique, ce qui souligne l'importance économique de l'agriculture et celle de la santé végétale pour le bien-être des citoyens et des économies nationales. De nombreuses communautés entretiennent des liens étroits avec leur environnement naturel et dépendent de la terre pour leur subsistance, le pâturage du bétail et les cultures pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Mais ce secteur vital est confronté à des défis importants, notamment les menaces liées aux ravageurs, aux maladies et au spectre imminent du changement climatique mettant en péril les rendements des cultures et la sécurité alimentaire qui sont au cœur des moyens de subsistance des Africains.

Si la recherche sur les virus humains reste essentielle pour la santé publique en Afrique, les virus végétaux émergents méritent également notre attention. Certains virus végétaux ont la capacité de franchir les barrières entre espèces et d'infecter aussi les humains et les animaux (Balique et al., 2015 ; Kim et al., 2020). Il devient impératif d'investir dans la recherche en virologie végétale et dans les systèmes de surveillance afin de prévenir les épidémies et de garantir une production agricole durable.

Recherche holistique, sagesse indigène et santé des plantes

La prévention et la détection précoce des maladies et des agents pathogènes des plantes sont une condition préalable à la conservation des ressources génétiques et à la protection des variétés de cultures tout en maintenant la sécurité alimentaire. En reconnaissant l'interaction entre les divers écosystèmes, nous pouvons créer une stratégie globale pour protéger la santé des plantes aux niveaux régional et transfrontalier.

Les systèmes de surveillance intégrés jouent un rôle essentiel en permettant une détection précoce et des réponses rapides aux menaces phytosanitaires émergentes. Une intervention opportune peut sauver des cultures et des moyens de subsistance, assurer la sécurité alimentaire des communautés et réduire les coûts de production.

Une approche fondée sur un concept unificateur transcende la technologie en comblant le fossé entre la recherche scientifique et la sagesse traditionnelle. Les connaissances indigènes et les pratiques agricoles traditionnelles, transmises depuis des générations, offrent des indications précieuses pour préserver la santé des plantes. L'intégration de ces pratiques ancestrales à la science moderne peut ouvrir de nouvelles voies pour l'agriculture durable.

Le concept repose sur la collaboration et le partage des connaissances entre les différentes parties prenantes, notamment les chercheurs, les scientifiques, les agriculteurs, les décideurs politiques et les communautés locales au sein des régions, afin de faciliter les processus de résolution des problèmes et de prise de décision. Ils doivent s'unir pour développer des stratégies de gestion intégrée des maladies, en combinant les technologies de pointe et les connaissances traditionnelles. Dans ce contexte, le protocole de Nagoya sur l'accès aux ressources génétiques et le partage équitable des avantages qui en découlent joue un rôle essentiel dans la promotion du transfert multilatéral de technologies à l'échelle mondiale, dans l'encouragement de la coopération internationale et dans la sauvegarde des ressources végétales.

Vers des objectifs de développement durable

Le partenariat de l'OMS avec les archives européennes des virus (EVAg) sert de modèle pour la lutte contre les virus végétaux émergents. De telles initiatives pourraient en effet être étendues à la lutte contre les virus végétaux émergents, en favorisant une approche "One Plant Health" qui comblerait les lacunes entre la recherche sur les plantes, la santé humaine et la santé animale. Il est urgent que les gouvernements, les ONG et les instituts de recherche de toute l'Afrique collaborent afin d'améliorer la santé des plantes de façon importante. Ces initiatives renforcent la résilience des communautés face aux aléas du changement climatique.

La mise en œuvre en Afrique de l'initiative "One Health" pour les plantes n'est pas exempte de difficultés. Le manque de ressources et d'infrastructures constitue un obstacle de taille. Pour les surmonter, il est impératif de donner la priorité à la collaboration interdisciplinaire et au renforcement des capacités. Les gouvernements doivent reconnaître le lien intrinsèque entre les santés humaine, animale et végétale et défendre la cause One Health.

À l'avenir, l'innovation et la technologie offrent un vaste potentiel pour améliorer la surveillance et la gestion de la santé des plantes. La télédétection, l'analyse des données et le génie génétique promettent des cultures plus résistantes et des pratiques agricoles plus efficaces. Il s'agit là d'une frontière à franchir pour l’Afrique, pour rattraper son retard et aller de l’avant, en contribuant de manière significative non seulement à l'agriculture de subsistance, mais aussi à la sécurité alimentaire mondiale.

Cependant, l'innovation nécessite des investissements. Il s'agit notamment d'investir dans la recherche et l'éducation en soutenant les instituts de recherche, en proposant des formations aux agriculteurs et en menant des recherches scientifiques visant à protéger, améliorer et promouvoir une agriculture axée sur l’innovation.

One Health pour les plantes ouvre en Afrique la voie à une agriculture résiliente, à des communautés prospères et à un avenir durable. C'est essentiel pour transformer le paysage agricole du continent et garantir un avenir indépendant et sain aux générations futures.