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La communauté scientifique doit jouer un rôle actif dans la lutte contre l'exclusion et les inégalités, en particulier en Afrique. Lors du Forum mondial de la science 2022, qui a réuni quelque 900 délégués au Cap, en Afrique du Sud, la science a été reconnue comme le fondement de la construction d'une nation qui bénéficierait au continent africain. Ce point a été repris dans la déclaration du forum : "Nous reconnaissons le rôle important de la science pour que les technologies avancées créent de nouvelles opportunités et ne marginalisent personne."

Avec le thème de la science pour la justice sociale, Cyril Ramaphosa, président de l'Afrique du Sud, a noté les violations flagrantes des droits de l'homme qui ont résulté de l'accès inéquitable aux vaccins pendant la pandémie de COVID-19. "La communauté scientifique mondiale a démontré la valeur de la coopération en réagissant avec une urgence sans précédent pour produire des vaccins contre le COVID-19. Pourtant, les bénéfices de ce travail scientifique extraordinaire n'ont pas profité à toute l'humanité de manière égale", a-t-il déclaré. Cela a conduit au développement d'un programme national de fabrication de vaccins, qui comprend un partenariat avec l'Organisation Mondiale de la Santé en accueillant le centre de transfert de technologie ARNm au Cap.

Tshilidzi Marwala, ex vice-chancelier de l'Université de Johannesburg, en Afrique du Sud, a souligné le lien entre la science et la construction de la nation, en citant en exemple la Chine et les États-Unis, qui investissent massivement dans la science et la technologie. En 2019, la Chine a contribué à 29 % des fonds dépensés dans le monde pour la recherche et le développement (R&D) et à 23 % pour l’Amérique. En comparaison, le financement de la R&D en Afrique n'était que de 0,42%, la même année, a-t-il déclaré.

Pour M. Marwala, un objectif de R&D de 1 % du produit intérieur brut (PIB) devrait être fixé pour les pays africains. "Il faut une révolution des compétences qui mette l'accent sur les sciences et les mathématiques à l’école. L'enseignement supérieur doit devenir pluridisciplinaire, les programmes d'études associant les sciences et les technologies aux sciences sociales. Par exemple, à l'université de Johannesburg, l'intelligence artificielle (IA) est une matière obligatoire pour tous les étudiants.

Le message est que nous devons favoriser une expertise scientifique et technologique faite en Afrique pour l'Afrique. C'est pourquoi la déclaration "appelle les organismes de financement de la science à favoriser un changement radical en faveur de programmes de recherche interdisciplinaires, inclusifs et à diverses échelles, ouvrant la voie à une plus grande égalité".

Michael Backes, astronome et membre exécutif de la Global Young Academy, s'est demandé comment l'Afrique allait passer du statut de récepteur à celui de contributeur et de créateur de connaissances. Il a répété certains commentaires qu'il avait entendus de la part des délégués lors de diverses sessions : "La science arrive en Afrique déjà entièrement réalisée" et : "En tant qu'Africains, nous n'avons pas l'impression de pouvoir contribuer ou remettre en question cette science préformée".

« C’est loin de ce que devrait être la science en Afrique , une science autodéterminé. Il est suggéré, ou dicté par les financements internationaux des donateurs, que la science africaine devrait essentiellement, voire exclusivement, porter sur les problèmes africains.... Ceux-ci sont immensément importants pour le développement humain, mais ne tiennent pas compte des domaines d'opportunité", a déclaré M. Backes.

L'accent mis sur la science appliquée est un problème que nous ne constatons pas seulement en Afrique, mais dans le monde entier. La GYA (Global Young Academy) a récemment publié « Back to Basics », un rapport sur l'état mondial du financement de la recherche fondamentale.

"Le financement de la recherche fondamentale diminue quand le financement de la recherche appliquée augmente. Cela aura un coût sociétal important", a déclaré M. Backes.

Les délégués l'ont souligné dans la déclaration : "Nous reconnaissons la nécessité de faire évoluer l'entreprise scientifique pour qu'elle réponde mieux aux besoins de la société, sans pour autant négliger notre investissement dans les sciences fondamentales, qui est un investissement dans l'avenir."